Monter une pièce de monnaie Napoléon 20 Francs en bague est un véritable classique de la joaillerie française. J’ai eu le plaisir de donner une nouvelle vie à cette pièce familiale en réalisant une bague en or 18 carats, à la fois précieuse et chargée d’émotion.



La pièce Napoléon 20 Francs : un fragment d’histoire française
La pièce Napoléon 20 Francs occupe une place emblématique dans le patrimoine monétaire français. Elle a été introduite à partir de 1803 sous l’impulsion de Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, elle fait partie du nouveau système monétaire mis en place pour stabiliser l’économie du pays.
Frappée dans un or de haute qualité, la pièce répond à des standards très précis :
– Poids : 6,45 grammes
– Or fin : 900 ‰
– Diamètre : environ 21 mm
À l’époque, sa valeur était strictement équivalente à celle du louis d’or, cette pièce emblématique frappée depuis le règne de Louis XV et la réforme monétaire de 1736. Cette dernière avait fixé le poids et la valeur des pièces de 24 livres, soit 5,805 grammes d’or pur pour 20 francs – un standard qui restera en vigueur jusqu’à la Première Guerre mondiale !
En 1815, avec le retour de la monarchie lors de la Restauration, la pièce retrouve officiellement son appellation d’origine, le « louis ». Mais c’est sous le Second Empire, période de foisonnement industriel, commercial et bancaire, que le nom de « napoléon » (et son surnom affectueux, le « nap ») s’impose définitivement dans le langage courant. Une petite pièce, donc, mais un grand symbole de l’histoire économique et politique de la France du XIXᵉ siècle jusqu’au début du XXᵉ.



Les bijoux monétaires : une tradition européenne ancienne
Transformer des monnaies en bijoux est une tradition ancienne, déjà attestée dans l’Antiquité, notamment à Rome. Les bijoux monétaires, bien que complexes à étudier car situés à la croisée de la numismatique et de l’archéologie, sont des témoins précieux de l’économie, de la politique et de la culture antiques. Souvent négligés, ces objets révèlent pourtant des pratiques sociales et économiques significatives.
Origines et développement La transformation de monnaies en bijoux est attestée dès l’Antiquité, avec des exemples précoces comme un statère de Philippe II de Macédoine. Cette pratique s’est particulièrement développée dans le monde romain, atteignant son apogée à partir de la fin du IIᵉ siècle apr. J.-C., surtout aux IIIᵉ et IVᵉ siècles. À l’époque byzantine, ces parures étaient même offertes aux dignitaires lors de cérémonies officielles.
Matériaux et symboles Au IIᵉ et IIIᵉ siècles, les bijoux monétaires étaient presque exclusivement fabriqués à partir d’aurei, monnaies d’or romaines. Considérés comme des substituts de pierres précieuses, ils ajoutaient une valeur à la fois monétaire et symbolique aux parures. Le juriste Pomponius Sextus confirme cette utilisation courante.
Contexte historique La multiplication de ces bijoux coïncide avec une période d’instabilité économique et politique, marquée par une forte inflation. Leur présence dans des trésors suggère plusieurs hypothèses : thésaurisation, offrande, ou volonté de cacher un attachement politique compromettant.
Typologie et découvertes Les bijoux monétaires prennent diverses formes : pendentifs, bagues, bracelets, fermoirs ou fibules. En Gaule romaine, ils sont souvent retrouvés dans des trésors mixtes, associés à d’autres objets de luxe. Leur enfouissement pourrait répondre à des motivations variées : refonte, protection, ou dissimulation d’allégeances passées.
Source: mjoyet (22 mai 2019). Bijoux monétaires et objets monétiformes, petites pièces d’orfèvrerie à vocation politique, économique et culturelle. L’Antiquité à la BnF. Consulté à l’adresse https://doi.org/10.58079/b8mv
Cette pratique a connu un nouvel essor à la fin du XIXe siècle, comme en témoigne une lettre de Gaston Maspero datée de 1888. L’égyptologue y explique que la mode des bijoux à base de médailles antiques s’est développée, poussant les bijoutiers à acheter ces pièces à prix d’or. Pour répondre à la demande, on privilégiait alors les monnaies courantes, comme celles à l’effigie d’Alexandre le Grand, alliant accessibilité et élégance.
XIXᵉ et début XXᵉ siècle : la démocratisation des bijoux en monnaie
Avec l’essor de l’or grâce aux grandes découvertes minières, les pièces d’or européennes — notamment françaises, espagnoles, italiennes ou anglaises — sont de plus en plus montées en bijoux.
C’est à cette époque que se démocratise la bague pièce, particulièrement en France. La pièce Napoléon 20 Francs, disponible en grande quantité, s’y prête parfaitement :
Ces bagues étaient souvent offertes en héritage ou réalisées pour commémorer un événement familial important — une tradition qui perdure aujourd’hui.

